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Ghaleb Bencheikh : « Le ramadan invite à la maîtrise de soi, à la générosité dans la cité et à l’élévation spirituelle »

La culture face aux extrémismes de tous bords : tel est le credo de la Fondation de l’islam de France (FIF), selon son président, Ghaleb Bencheikh. L’islamologue franco-algérien, producteur et animateur de l’émission « Questions d’islam », sur France Culture, vient d’être reconduit à la tête de cet établissement reconnu d’utilité publique, créé en 2016 par un décret de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur.
Alors que la fondation, en manque de financements, est, assure-t-il, aujourd’hui menacée dans sa survie, Ghaleb Bencheikh, qui a publié également Les Mots (et les maux) de l’islam. Réparer le présent et préparer l’avenir (Eyrolles, 2023), continue de croire que la culture et l’éducation sont les meilleures armes contre les préjugés sur l’islam, y compris chez les musulmans eux-mêmes. En ce début de ramadan 2024, il revient, dans un entretien au Monde, sur les défis à venir.
Partant de l’idée que les meilleurs antidotes au radicalisme et à l’extrémisme demeurent l’éducation, la culture et la connaissance, je pense que la fondation tient son rôle.
Le 6 mars, nous organisions par exemple une pièce de théâtre avec des jeunes acteurs de Seine-Saint-Denis, adaptée de la 22e Epître des Frères en pureté, cette société savante de pythagoriciens musulmans du Xe siècle [probablement basée en Irak]. Celle-ci relate un procès, présidé par un djinn [esprit ou génie de la tradition islamique] et intenté par des animaux contre les humains, pour les dégâts qu’ils ont infligés aux autres espèces : cela montre qu’il y a des trésors dans la civilisation islamique qui font écho à des problématiques contemporaines.
Nous allons également adapter bientôt au théâtre le conte populaire Le Fou de Laylâ, une histoire d’amour remontant à l’Arabie antique et qui a inspiré Le Fou d’Elsa, d’Aragon [1897-1982] : cette histoire qui a imprégné la culture islamique montre à la jeunesse musulmane que la question des relations garçons-filles n’a pas, dans l’histoire de l’Islam, toujours été frappée de cette pudibonderie que portent aujourd’hui les salafistes. Ces exemples, comme bien d’autres, battent en brèche l’idée selon laquelle l’Islam serait un élément allogène incompatible avec la vision du monde de la France du XXIe siècle.
Au-delà de notre offre culturelle – dont le point d’orgue a été l’organisation dans dix-huit villes de l’exposition « Arts de l’Islam, un passé pour un présent », de novembre 2021 à mars 2022, en partenariat avec le Musée du Louvre et RMN-Grand Palais –, nous avons aussi distribué, depuis 2016, plus de 250 bourses pour aider de futurs ministres du culte (imams, prédicateurs ou aumôniers) à suivre une formation universitaire pour les aider à maîtriser l’histoire, le droit et la culture de notre pays. En 2023, nous avons accordé 51 bourses, dont 20 pour des femmes qui souhaitent devenir aumôniers.
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