Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Guerre Israël-Hamas : à Gaza, le ciblage meurtrier des hôpitaux

Le parvis de l’hôpital Kamal-Adwan, à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, n’est plus qu’un labour informe, un champ de ruines où se mêlent détritus, restes de tentes, parpaings et fers à béton. Samedi 16 décembre, après le retrait de l’armée israélienne, le reporter de la chaîne qatarie Al-Jazira, Anas Al-Sharif, a filmé des Palestiniens y errant, à la recherche des dépouilles de leurs proches. « Je ne sais comment vous décrire cette scène. Des corps par dizaines ! Les bulldozers leur sont passés dessus et sont partis », s’exclame le journaliste en promenant son objectif sur des monticules de terre beige, d’où émergent des morceaux de cadavre. Un peu plus loin, un homme pleure. Il est venu chercher son fils blessé qui s’était réfugié dans cet hôpital et il ne le trouve pas.
Un autre Palestinien désigne la pharmacie entièrement détruite et les bureaux de l’administration de l’hôpital qui ne tiennent plus debout. « Les bulldozers ont enterré vivants les déplacés et les malades », affirme-t-il devant la caméra. Le Monde n’a pas pu vérifier ces affirmations de manière indépendante. Gaza est toujours assiégée et coupée du monde, les journalistes étrangers ne peuvent y accéder. Mais le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a relayé les accusations du reporter d’Al-Jazira dans son rapport du samedi 16 décembre. « Selon des premiers comptes rendus dans les médias et des enregistrements vidéo, un bulldozer de l’armée israélienne a écrasé les tentes d’un certain nombre de déplacés qui étaient à l’extérieur de l’hôpital, tuant et blessant un nombre non confirmé de personnes », écrit l’agence des Nations unies.
« Je crois qu’il y avait des cris. Nous ne sommes pas sûrs, car nous n’étions pas autorisés à regarder. Tous ceux qui bougeaient se faisaient tirer dessus », a précisé de son côté le docteur Hossam Abu Safiya, de la direction médicale de l’établissement, lors d’une conférence de presse à l’extérieur de l’hôpital, interrompue par les tirs nourris des snipers, lundi.
L’assaut des soldats israéliens sur l’hôpital, justifié par l’état-major, par la nécessité d’y traquer des membres du Hamas, a débuté le 12 décembre et a duré quatre jours. Il a été précédé d’une semaine de siège et de bombardements. L’établissement est le seul qui desservait encore la pointe nord de la bande de Gaza. Le directeur de l’hôpital, Ahmed Al-Kahlout, a été arrêté avec des dizaines d’autres hommes. Selon le docteur Abu Safiya, certains membres du personnel ont été frappés et se sont fait tirer dessus. « Cinq d’entre eux ont été blessés », a rapporté le médecin.
Il vous reste 70% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish